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L'hommage de Musica à Toru Takemitsu


 A l'Aubette à Strasbourg, et à Musica 97, concert monographique consacré par l'ensemble Kaï au compositeur Toru Takemitsu. Et projection à la Fnac d'un documentaire sur le formidable musicien de cinéma qu'il a été aussi.
 A l'occasion de l'année du Japon, Musica zoomait ainsi sur le plus important compositeur japonais de cette deuxième moitié du siècle, mort l'an dernier. Autodidacte, frotté à l'Occident et soucieux de la culture de son pays, et très indépendant. Sa vocation de musicien lui serait venue de l'émotion qu'il eut un jour à l'écoute, pendant la guerre, de la chanson française « Parlez-moi d'amour, dites-moi des choses tendres ». Tout un programme pour celui qui créera la musique de très grands films japonais (L'Empire des sens, la Femme des sables, Kwaï-dan), en intervenant chaque fois très directement dans la réalisation. La musique en effet participe de la charge de violence et d'érotisme du cinéma nippon, ajoutant au réalisme des effets, comme à la poésie de l'image, sa part de rêve.

Qualité et perfection

 Mais quand Takemitsu aborde la musique instrumentale, il vise en revanche une grande pureté d'expression. Ce qu'illustrait ce concert, une rétrospective de 40 ans de production. Le premier quatuor à cordes est tracé en pointe sèche, alternant accords et longues tenues. Dix ans auparavant, en 1951, dans une charmante mélopée, le piano est encore dans les harmonies de Messiaen, le violon a des inflexions proches de Chausson. Les yeux clos, au clavier, est plus debussyste. Le paysage de Between Tides (créé en 1993 à Berlin) est davantage celui du jardin que de la mer, par le minutieux choix des couleurs et des tons. La durée relativement plus longue de ce trio signale à quel point Takemitsu sait aussi imposer son temps calme.

 Ailleurs, des poèmes sous-tendent le propos d'un duo où le cheminement de deux violons est certes thématiquement parallèle, mais non symétrique. Lyrisme dans une pièce avec violoncelle, tout comme dans un deuxième quatuor, mais toujours très épuré. On ne peut que complimenter l'ensemble Kaï, qu'introduisait ici à Musica la violoniste Ethica Ogawa, co-soliste à notre Philharmonique, et qui réunit le violon solo de Metz Takheshi Take-zawa, l'altiste Hiroto Tobisawa, le violoncelliste Atsushi Sakaï et Hidéki Nagano, pianiste à l'InterContemporain : ils ont signé là une soirée remarquable par la qualité des oeuvres et la perfection de l'interprétation.


Marc Munch
* Ensemble Ictus. Oeuvres de Magnus Lindberg, Thomas Adès et Michaël Jarrell. Aujourd'hui à 18h à l'Aubette à Strasbourg.

* Orchestre symphonique de la Radio de Stuttgart. Direction Kwamé Ryan. Oeuvres de Lindberg, Sibelius et Lutoslawski. Aujourd'hui à 20h30 au palais des fêtes à Strasbourg. * 03 88 21 02 21.


© Dernières Nouvelles D'Alsace, Jeudi 2 Octobre 1997.

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